Ceux qui avaient jugé indigeste la Palme d’Or du réalisateur thaïlandais Apichatpong Weerasethakul, Uncle Boonmee Who Can Recall His Past Lives, seront surpris par le degré d’accessibilité de son nouveau film.
Cemetery of Spendour traite à nouveau des thèmes favoris du réalisateur: le sommeil, le rêve, l’histoire thaïlandaise ancienne et récente, l’interpénétration du passé et du présent, l’opposition entre ville et campagne et l’influence des étrangers. Mais la narration est moins hermétique et l’humour très sec relativise encore plus. Le plus intéressant reste cependant la métaphore de l’élément central: des soldats qui pour une raison inconsciente se retrouvent dans un état de semi coma. Ce qui fait également de Cemetery of Splendour un film très politique. Peut-être qu’il s’agit là du film le plus politique de Weerasethakul, à la lumière du récent coup d’état en Thaïlande.
Mais le film reste bien loin des rumeurs de l’affrontement et flotte doucement au rythme d’un rêve à la fois calme et ludique. On est évidemment très loin du cinéma onirique et surréaliste de David Lynch. Mais lui aussi nous avait montré combien les rêves peuvent être personnels.