Peter Greenaway n’a jamais vraiment quitté le business, mais le public l’a abandonné quelque part durant les années ’90, son œuvre devenant trop hermétique. L’infantilisation du public et du cinéma en général n’y sont évidemment pas étrangères.
Du coup, le fait que Eisenstein in Guanajuato sorte en salles tient un peu du comeback. Il faut dire que ce biopic assez particulier sur Eisenstein est l’un des Greenaway les plus accessibles, en ce sens que l’on se trouve face à une histoire comprenant un début, un milieu et une fin. Ce qui ne veut pas dire que vous pouvez naïvement vous précipiter dans la première salle de cinéma venue : Greenaway attend toujours de son public une bonne dose d’introspection. Il vaut par exemple mieux être un rien au courant de l’aventure qui a mené le réalisateur russe Sergei Eisenstein au Mexique afin de tenter d’y tourner un film, vu que Greenaway n’est absolument pas intéressé par une reconstruction historique, et qu’il nous présente ici un Eisenstein très particulier. Le réalisateur de Drowning by Numbers plonge à la fois Eisenstein et sa période mexicaine dans sa vision personnelle du grand art. Place ainsi à la peinture, au sexe, la nudité, la violence et la comédie.
A prendre ou à laisser. Et certains spectateurs auront sans doute difficile à avaler la vision de Sergei, aux alentours de la soixantième minute, recevant un drapeau dans son postérieur, juste après la perte de sa virginité.